Braille leren aan kinderen
Cette année, le braille fête son 200e anniversaire. Concurrencé par les outils numériques, cet alphabet en relief reste, selon les experts, extrêmement important. Pour les enfants malvoyants et aveugles, apprendre le braille est crucial pour leur développement.
Rebekka Platteau est accompagnatrice pédagogique au Centre de soutien pédagogique Kasterlinden à Berchem-Sainte-Agathe. Elle accompagne actuellement un garçon de première primaire dans l’enseignement ordinaire pour lui apprendre à lire et écrire en braille. Elle soutient également les enseignants avec du matériel et des conseils permettant à cet élève de participer aux activités de la classe.
« Je trouve que c’est une très belle expérience de construire ensemble cette histoire inclusive avec l’école, le centre de rééducation, la Ligue Braille et le Service d’accompagnement à domicile. C’est aussi un grand défi. Apprendre le braille, c’est bien plus que reconnaître des points. C’est aussi le développement du langage, la distinction entre la gauche et la droite, l’exercice de la motricité des mains et des doigts, la stimulation du développement tactile et spatial, la compréhension du sens et la prise de conscience des symboles. C’est pourquoi nous mettons du braille autant que possible dans l’environnement de l’enfant. »
L’élève que Rebekka accompagne s’en sort très bien. « Souvent, la troisième maternelle est doublée pour commencer à enseigner les premières lettres en braille aux enfants, mais il était prêt à passer en première primaire. Il est rapide, curieux d’apprendre et il mémorise bien. »
La Ligue Braille peut apprendre le braille aux personnes aveugles et malvoyantes. Dans les écoles, les accompagnateurs pédagogiques reçoivent aussi le soutien de la Ligue Braille. « Il faut s’exercer, s’exercer, et encore s’exercer », explique l’ergothérapeute Gerlinde D’Hondt du Service d’accompagnement de la Ligue Braille. « Les enfants apprennent généralement le braille plus facilement que les adultes. Leur sensibilité des doigts et leurs capacités sensorielles sont, en général, bien meilleures. Les guitaristes ou les personnes qui travaillent dans le bâtiment ont des callosités sur les doigts, ce qui rend la perception des points plus difficile. Les adultes qui veulent apprendre le braille sont motivés. Les enfants, eux, n’en voient pas toujours l’utilité. Ils doivent déjà apprendre énormément de choses à l’école et le braille vient s’y ajouter. »
Mais, même à l’ère numérique et alors qu’il fête ses 200 ans, le braille reste essentiel. D’après notre enquête réalisée à l’occasion de la « Semaine de la Ligue Braille », 69 % des personnes aveugles et 14 % des personnes malvoyantes connaissent le braille. « J’espère que cela continuera d’exister », dit Gerlinde. « Le monde numérique a déjà eu beaucoup d’impact et l’audio prend beaucoup de place, mais nous devons continuer à miser sur le braille. L’image des mots est cruciale pour les enfants. Ils ne peuvent pas apprendre à épeler s’ils n’apprennent pas le braille. » Rebekka confirme : « s’ils passent trop vite uniquement à l’audio, ils ne se représenteront plus les mots. Et le braille stimule aussi l’autonomie des enfants. Grâce à lui, les enfants peuvent également connaître le plaisir de la lecture, tout comme leurs camarades voyants. »
La Ligue Braille profite du bicentenaire du braille pour le faire reconnaître comme patrimoine culturel immatériel par l’UNESCO. Une reconnaissance actée, en avril dernier, par la Fédération Wallonie-Bruxelles et qui devrait l’être cet été par la Flandre, actant alors la reconnaissance de la Belgique. D’autres pays comme l’Allemagne, la France et le Brésil ont ou vont également reconnaître le braille. « Cela pourrait être l’occasion de mieux faire connaître le braille », concluent Gerlinde et Rebekka.