À la découverte de la Bourgogne et de la Drôme
C’est l’heure du voyage annuel proposé par le Service Loisirs. Cette année, du 9 au 16 septembre, notre groupe part à la découverte de la Bourgogne et de la Drôme. Découvrez ici le récit de notre voyage !
Jour zéro, mardi 9 septembre : Le Grand départ
Venus d’horizons différents nous partageons une douzaine d’heures de car : on se connaît parfois, on se reconnaît… ou on fait connaissance. On blague, on commence à changer de places à l’occasion des « étapes techniques »… D’abord il pleut puis, « en passant par la Lorraine », le ciel se déchire. Des nuages beaux à couper le souffle laissent passer le soleil qui réchauffe les visages et les cœurs et augure des belles journées à venir.
Récit du Jour 1, mercredi 10 septembre, par Véronique, accompagnatrice
Découverte de Dijon, ancienne capitale des Ducs de Bourgogne, aujourd’hui une ville très calme et sereine car tout le centre historique en a été piétonnisé depuis plus ou moins 2010 et de nombreux monuments ont été rénovés avec soin. Répartis en deux groupes, puis trois groupes, avec chacun notre guide, nous avons l’occasion de mesurer les liens étroits tissés entre la Flandre et la Bourgogne depuis le XIVe siècle, après le mariage de Marguerite de Flandre et Philippe II de Bourgogne, dit le Hardi.
Notre guide, Véronique, attire notre attention sur les caractéristiques architecturales de telle ou telle époque, que certains découvrent lentement avec les mains.
En arpentant les rues du centre historique, nous parcourons l’histoire de la ville au fil des siècles : ruelles médiévales, Palais des Ducs et des Etats de Bourgogne, Notre-Dame et sa mystérieuse chouette sur un de ses contreforts (l’occasion de faire un vœu) et ses trois rangées de 17 gargouilles chacune, maisons à colombages, magnifiques hôtels particuliers aux cours d’honneur imposantes.
Au coin de deux murs, un moment magique, suspendu, hors du temps : notre guide nous chante à pleine voix un Noël bourguignon du XVIIIème siècle… Véronique, incollable dans tous les domaines, répond à toutes nos questions : Quelle est l’étymologie du nom de la ville ? Pourquoi trois églises si proches l’une de l’autre ? Pourquoi la région s’appelle-t-elle « Côte d’Or » ? …
La visite se poursuit l’après-midi, après un savoureux repas pris dans la Brasserie des Loges, près du grand théâtre.
Nous terminerons la journée de façon gourmande en savourant quelques spécialités régionales dans deux lieux emblématiques :
- La Maison Mulot et Petit Jean (dixième génération !) avec son célèbre pain d’épice bourguignon à l’anis et ses nonnettes fourrées. Mmmmh… !
- La Maison Edmond Fallot, dernière moutarderie artisanale de BourgogneFranche Comté, entreprise familiale depuis 1840. Nous y apprenons les bases de la fabrication de la moutarde dont nous testons quelques variétés dans le « Bar à moutardes »
Retour à pied vers l’hôtel avec encore, pour les plus vaillants, un détour par le jardin botanique de l’Arquebuse, créé en 1833, 5 hectares avec plus ou moins 3500 espèces de plantes de Bourgogne et du monde et un arboretum qui est un havre de beauté.
Comme la veille, nous terminons la journée dans le restaurant de l’hôtel où le personnel souriant est aux petits soins pour nous.
Voilà une première belle journée qui s’achève.
Récit du Jour 2, jeudi 11 septembre, par Jean-Paul, accompagnateur
C’est dans la bonne humeur que nous avons quitté Dijon ce jeudi matin. La bonne humeur est permanente depuis notre départ ( même si les journées ne sont pas de tout repos) et c'est ce qui me frappe le plus, moi qui en suis à ma première expérience de voyage avec la ligue Braille. Mais ce matin l'allégresse est encore décuplée quand nous entendons les noms de Vosne Romanée, Pommard, Savigny les Beaune... Nous allons en effet emprunter la route des vins de Bourgogne. Premier arrêt, déjà un nom enchanteur, le château de Clos de Vougeot. On n'y produit plus de vin aujourd'hui même si le château est entouré de vignes. Il est devenu un musée et les guides nous expliquent l'histoire du château mais aussi de toute la viticulture bourguignonne à travers les siècles, une histoire dans laquelle les moines ont joué un rôle essentiel depuis le 11 ème. Aujourd'hui, les vins de Clos de Vougeot ont atteint des prix astronomiques. Une bouteille de 1986 a atteint lors d'une vente aux enchères la modique somme de 196.000 euros, vous avez bien lu, 196.000...€. Plus abordable mais quand même au delà de nos moyens : une bouteille de 2023 coûte entre 150 et 180€. Le midi, nous avons mangé un succulent plat à base de joue de boeuf dans un charmant restaurant situé à Chambolle Musigny, encore un nom enchanteur. De quoi retrouver des forces pour l'après-midi qui s'annonçait un peu éprouvante : visite des caves Bouchard à Beaune et dégustation de cinq vins, deux blancs et trois rouges, en terminant par un Pommard, excusez du peu..... mais rassurez-vous, les quantités versées dans nos verres étaient infimes. On pouvait même les reverser dans des récipients prévus à cet usage, mais, personnellement j'ai toujours eu horreur du gaspillage... Nous avons été heureux de rejoindre notre Ibis baptisé la ferme aux vins. Un peu de repos avant le repas du soir. Je ne vais pas vous assommer avec la description du menu, simplement vous dire que l'entrée était à base d'une autre spécialité bien connue en Bourgogne, les escargots. À demain pour d'autres aventures. Oh j'allais oublier une mention spéciale pour Cédric notre chauffeur qui a réalisé des prouesses de dextérité dans ces petits chemins de la route des vins pas spécialement prévus pour un autocar. Bravo Cédric.
Récit de la matinée du jour 3, par Albert, bénéficiaire et de l’après-midi par Olympe, sa fille et accompagnatrice.
« Les Hospices de Beaune »
Ce vendredi 12 septembre, nous voilà repartis pour déguster les trésors de la Bourgogne, gastronomiques, viticoles, mais surtout culturels et patrimoniaux.
Nous montons dans le car sous un soleil discret et frisquet, mais bien présent. La bonne humeur est la règle et la plaisanterie est multiple. Nous arrivons aux Hospices de Beaune et admirons la flèche-clocher de style gothique de la chapelle, aussi effilée que celle de Notre-Dame de Paris. La cour d’Honneur se déploie devant nous. Les toits couverts de tuiles de Bourgogne colorées sont chatoyants.
La visite guidée commence. L’Hôpital a été fondé au XVe siècle sous le Duc Philippe le Bon par le Chancelier Nicolas Rolin, assisté de son épouse Guigone de Salins, 30 ans plus jeune que son mari. Nous passons dans la salle des Pauvres, très grande, longue de 50 mètres, haute de 20 mètres, ayant une voûte en coque de bateau. Une trentaine de lits sont disposés le long des murs dans des alcôves dressées en velours rouge avec une structure en chêne. Jadis toute la salle était couverte de ces alcôves. En cette salle est présenté une copie du polyptique « Le Jugement dernier » peint par Roger de la Pasture, ou Rogier Van der Weyden. Nous admirerons plus tard l’original de ce polyptique, présenté dans une autre salle climatisée. La thématique du Jugement dernier émane de l’Apocalypse et nous présente le Christ en Majesté posé sur le globe terrestre, surmontant l’Archange Saint Michel pesant les âmes afin de les orienter vers l’enfer ou le paradis. La vierge, les apôtres, les anges musiciens… sont d’une précision extraordinaire. Cette face du tableau était présentée aux malades afin de les instruire sur ce qui les attendait dans l’au-delà. Les couleurs sont vives. Lorsque le polyptique est refermé, les panneaux extérieurs sont en grisaille et représentent l’Annonciation, Saint-Sébastien, Saint-Antoine, deux panneaux colorés représentent les fondateurs Nicolas Rolin et Guigone de Salins. On nous explique que les Hospices disposaient de 60 ha de vignes et produisent les vins les plus chers au monde !
Nous visitons ensuite d’autres salles (salle des malades, salle Saint-Hughes, salle Saint-Nicolas, la cuisine, …) et nous attardons à la pharmacie apothicairerie. Elle présente du matériel destiné à broyer les matières premières, ingrédients des médicaments, et des alambics. Une autre salle est garnie de vitrines comportant des flacons et récipients pharmaceutiques (œil de dragon, vermifuges, …) Après un passage par la boutique du musée, nous reprenons le car, direction notre hôtel, pour le repas de midi.
« Les Caves Patriarche »
L’après-midi, direction les Caves Patriarche.
On nous emmène dans une salle en pierre blanchâtre. Les plafonds sont hauts et voutés. Nous nous asseyons sur des bancs en bois, des bancs qui me font penser à ceux des églises. Ah ! Le guide vient d’annoncer qu’il s’agit d’un ancien monastère, plus précisément nous sommes dans une chapelle pour les femmes en détresse. On nous promet deux millions de bouteilles nues. Après un dédale de caves qui ressemblent à des catacombes, nous nous retrouvons dans une large cave peu élevée illuminée à la bougie.
En descendant trois marches, nous traversons huit siècles ! La cave est quatre fois plus grande, le plafond est éclairé à la lumière couleur vin blanc.
Le guide remplit avec parcimonie 37 verres de chardonnay Rully 2022. Premier nez : on hume le « bouquet », puis on le faire tourner très rapidement et le « bouquet » est d’autant plus précis. C’est un vin qui vient d’un sol assez caillouteux.
2e dégustation : un Savigny venant d’un tout petit domaine. Pascal se met à tousser : « Il est fort (le vin) ! ». L’ambiance est détendue. Tout en goûtant, je me rends compte que je n’ai aucune idée de comment qualifier ce vin. Je verse ma part à une personne qui saura mieux l’apprécier.
3e dégustation : Meursault (et non pas « Meurs Sot ! » - blague de Luc). Un vin plus « persistant ». Pascal : « C’est délicieux ! ». Je laisse mon fond et Luc laisse son fond également à papa. Le guide fait résonner son verre pour attirer notre attention.
4e dégustation : Savigny-les-Beaune (rouge !). Papa aime.
5e dégustation : Beaune Premier cru 2019 Les Cent Vignes, 46 € la bouteille, une affaire ! Un vin « éloquent ». « Le Pinot n’est pas tombé dans le pruneau » (ha ha ha), blague du guide-œnologue.
6e dégustation : Nuit-Saint-George 2014 Les Chaboeufs (et non pas les chats bœufs). Un vin puissant et souple.
7e dégustation : Le Noir de Bourgogne, le « cassis » surprise 20°. Ce verre non prévu me fait sourire car le sucré, c’est ce que j’aime ! Vladimir est heureux aussi : « Ah ça j’adore ! ». Personne ne jette son verre dans le crachoir, le cassis est un succès unanime. Francine demande un peu de vin blanc dans son cassis et Jean-Paul voudrait un glaçon. La Ligue Braille est composée maintenant de connaisseurs !
Tout le monde applaudit. Voilà une belle journée qui s’achève, entre découvertes patrimoniales et gustatives.
Récit du jour 4, samedi 13 septembre, par Nadine, bénéficiaire et Arille, son accompagnateur, sans oublier Rio, son chien-guide.
Après la Bourgogne, nous voici partis en direction de notre 3ème étape, Saint-Donat-sur-l'Herbasse, qui se trouve dans la Drôme des collines.
Après un excellent repas à notre hôtel, le Château de Collonges, nous partons en direction de Hauterives voir et visiter le Palais Idéal du Facteur Cheval. Le nom exact du facteur est Ferdinand Joseph. Cheval était son patronyme. Il construisit seul cet édifice gigantesque à la fois hétéroclite et majestueux par sa taille et sa grandeur, en utilisant des pierres de forme et de taille différentes, au gré de ses envies. Il a commencé son œuvre à l'âge de 43 ans, à la fin du 19ème siècle pour finir début du siècle suivant. La construction de son Palais idéal lui a demandé 10.000 jours, soit 93.000 heures ou encore 33 ans. Nous pourrions vous en dire plus, mais nous préférons vous laisser l'envie de le découvrir un jour, tellement il y a des choses à découvrir et à savoir sur cette réalisation...
Récit du Jour 5, dimanche 14 septembre, par Laurence et Delta, sa chienne-guide.
On a commencé la journée par le marché dominical de Romans. Le timing permettait aussi une balade-découverte au fil des rues ou le long de l'Isère. On a pu voir la Collégiale st Barnard ou encore, tout près, la chaussure décorée "Poisson" qui nous rappelle que Romans a une tradition de fabrication artisanale de chaussures. Le très beau musée de la chaussure que Luc, notre guide, nous vante, ce sera pour un prochain voyage ! Au marché, entre les fruits et légumes, produits artisanaux, fromages, miels (au pluriel, tellement il y a de variétés !), nous avons surtout goûté la pogne, une délicieuse spécialité régionale de brioche à la fleur d'oranger.
Tout ceci nous a bien mis en appétit pour le repas de midi, succulent comme chaque fois au Château de Collonges !
L'après-midi, la visite de l’Abbaye a débuté par un challenge sportif puisque l'abbaye a été construite sur une motte qu'il a fallu escalader. Mention spéciale à celles et ceux qui ont poussé les chaises roulantes !
Nous sommes accueillis par nos guides dans une très belle cour ombragée de tilleuls. L'abbaye est dédiée à saint Antoine l’Egyptien, un saint guérisseur. L’église a été construite entre le 13ème et le 15ème siècle. Les gens venaient en pèlerinage et pour se faire soigner. Notre visite était également tactile puisque nous avons pris le temps de sentir la pierre de la façade (différence entre partie restaurée et non encore restaurée), les différentes matières qui composent le maître-autel qui abrite les reliques de st Antoine, ou encore le mobilier particulier de la salle des trésors. On peut aussi retenir que l'église a été classée monument historique en 1840.
Voilà encore une belle visite qui se termine.
La journée n'est pas finie : après le repas, nous avons la possibilité de visionner le DVD (en audio description !) sur l'histoire du Facteur Cheval.
Récit du jour 6, matinée du lundi 15 septembre, par Francine et sa fille Sylvie
Découverte de la ferme « Aux collines aromatiques »
La ferme aux herbes aromatiques de Stéphanie est bordée de collines verdoyantes dans un cadre idyllique. Les cultures s’étagent sur les hauteurs selon les besoins des plantes. Les cultures sont mises en jachère tous les 3/4 ans. Dans les lointains bleutés, on distingue les montagnes du Vercors.
Nous humons de la sauge, de la menthe poivrée et du thym.
La sauge a des propriétés digestives et son parfum réveille des souvenirs chez Irène notre doyenne. Pendant la guerre elle passait les vacances chez ses grands-parents qui habitaient au bord de l’Escaut. Son grand-père tendait des filets dans le fleuve et pêchait des anguilles pour concocter de délicieuses anguilles au vert.
Dans la préparation de la sauce rentrent 7 herbes aromatiques dont la sauge avec du cerfeuil, du cresson d’eau, du persil, de l'oseille, de l'origan et du thym.
Nous retrouvons bientôt Stéphanie qui nous emmène dans un grand hangar sombre et frais.
C’est la pièce de séchage des plantes : l’obscurité et la fraîcheur sont les conditions essentielles pour leur conservation.
Stéphanie nous raconte qu’elle attend l'évaporation de la rosée pour sa cueillette.
Lors de sa cueillette elle se permet une petite gourmandise, elle croque des pétales de calendula pour adoucir sa gorge.
Nous admirons le grand et le petit alambic. Les plantes sont disposées dans une cuve d’eau chauffée. La vapeur passe par une grille et se charge de l'huile. Ensuite, la vapeur passe par un circuit refroidissant qui permet la condensation : dans une cuve est récoltée l'eau florale, dans l’autre la précieuse huile essentielle.
Ensuite nous passons dans la pièce de conditionnement. C’est là que sont emballés tous les produits prêts à être vendus.
Petite digression sur les prix :
- 1l d’huile essentielle de rose = 3 tonnes de roses = 3-5000€
- 1l d’huile essentielle de lavande 850€
Un énorme travail pour un panier de pétales de calendula ou de feuilles de sauge officinale.
La production va de mai à mi-juillet. La vente de janvier à mars. Stéphanie dispose d’un réseau de revendeurs mais doit souvent se déplacer sur les marchés pour vendre ses produits.
Les membres de la Ligue Braille fidèles à leurs habitudes d’acheteurs compulsifs s’arrachent ses produits.
Un bon coup de pouce pour Stéphanie !
Récit du jour 6, après-midi, par Vincent et Michèle.
Pour terminer ce séjour, nous sommes partis à la découverte de la petite ville de Saint-Donat-sur-l'Herbasse, commune sur le territoire de laquelle se situe le Château de Collonges.
Accompagnés d'une guide de l'Office de Tourisme de Saint-Donat, nous avons déambulé dans les rues médiévales, dont certaines maisons abritèrent durant la seconde guerre mondiale de grands résistants antifascistes dont Louis Aragon et Elsa Triolet.
Arrivés au sommet du village, nous avons pu visiter le Palais delphinal composé d'une chapelle romane, d'un cloître et de la collégiale Saint-Pierre et Saint-Paul. Cet ensemble architectural prestigieux est également le siège du Centre Musical international Jean-Sébastien Bach qui accueille chaque année un festival d'orgue.
Nous avons eu la grande chance d'assister à un concert d'orgue au sein de la collégiale. Des œuvres de Jehan Alain, Bach, Pachelbel, Louis Vierne et Lefébure-Wely nous ont ainsi charmé les oreilles.
Voilà qui fut une bonne manière de clôturer cette semaine riche en émotions et sensations variées.
Ce fut un réel plaisir pour nous de vous accompagner dans cette aventure sur les routes bourguignonnes et dans les collines de la Drôme.
A l'année prochaine pour de nouvelles découvertes !