photo d’un zona ophtalmique sur le visage d’une dame âgée
Santé

Le zona ophtalmique

Publié le 01 janvier 2023

Le zona, c’est le retour de flamme de la varicelle faite pendant la petite enfance. Généralement localisé sur le torse ou dans le dos, souvent très douloureux, le zona peut aussi se déclarer sur le haut du visage. C’est le zona ophtalmique.

Un adulte sur 3 qui a eu la varicelle durant l’enfance déclarera un zona. Si à ce stade, on n’explique pas vraiment cette réactivation du virus de la varicelle, on sait que les personnes de plus de 50 ans, notamment, sont plus à risque. On sait aussi que dans 10 à 20 % des cas, ce zona est ophtalmique et dans la moitié de ces cas, l’œil sera touché. Une complication rare mais potentiellement grave que nous explique le Professeur François Willermain, chef du Service d’ophtalmologie au CHU Saint-Pierre de Bruxelles et Professeur d’ophtalmologie à la Faculté de Médecine de l’ULB.

Le Professeur François Willermain

Qu’est-ce que le zona ophtalmique ?

Pour expliquer le zona ophtalmique, il faut d’abord savoir ce qu’est le zona.
C’est la réactivation du virus de la varicelle, cette maladie infantile bénigne, extrêmement contagieuse qui se traduit par une éruption cutanée sur tout le corps de l’enfant. Une fois l’infection passée, le virus de la varicelle va rester dans le corps, en latence dans les ganglions nerveux situés le long de la colonne vertébrale.
Notamment dans le ganglion de Gasser d’où part le nerf ophtalmique. Le virus y restera inactif, jusqu’à son éventuel réveil. S’il se réveille dans ce ganglion, le virus reprendra le chemin du nerf ophtalmique pour déclarer un zona ophtalmique.

Quels sont les symptômes ?

D’abord une douleur, parfois sévère, qui annonce une éruption cutanée au niveau du front, du cuir chevelu, de la paupière, voire de l’œil. Le zona ne se déclare que d’un seul côté du visage. Des boutons ou plutôt des vésicules cutanées vont se développer dans la zone atteinte. Ces pustules, pleines du virus de la varicelle – zona, vont ensuite sécher et donner des croûtes qui finiront par tomber. L’atteinte va durer deux à trois semaines, mais dans certains cas, la douleur peut être ressentie pendant des mois, voire plus. C’est ce qu’on appelle la douleur post zostérienne. Une douleur constante ou intermittente, potentiellement invalidante et pour laquelle il faudra consulter un neurologue. Pour éviter cette complication, on recommande l’administration d’un médicament antiviral dès le début du zona.  D’où l’importance de le diagnostiquer au plus vite.

schéma représentant le trajet du virus de la varicelle et sa potentielle réactivation en zona.

Les personnes aveugles ou malvoyantes sont-elles plus à risque de déclarer un zona ophtalmique?

Non, elles ne sont pas plus à risque et la maladie ne sera pas plus grave chez elles. En revanche, les conséquences peuvent être plus impactantes. Dans le cas, par exemple, d’une personne qui ne voit que d’un œil, l’infection de cet œil valide peut se révéler plus problématique. Outre la douleur de longue durée, il y a d’autres complications. Sans antiviral et en cas d’atteinte oculaire, le zona peut provoquer une kératite (inflammation de la cornée) ou une uvéite (inflammation intraoculaire) qui peuvent parfois donner des rétinites (inflammation de la rétine) pouvant faire baisser l’acuité visuelle ou conduire à la cécité. Globalement, les personnes les plus à risque de déclarer un zona sont les plus de 50 ans, dont le système immunitaire est affaibli. Par le stress notamment, ou par une autre maladie comme le diabète.

Peut-on éviter le zona ophtalmique ?

Nous ne sommes pas égaux. Le zona se déclare généralement chez les plus âgés. Après 65 ans, on enregistre 4 à 12 cas pour 1 000 personnes, contre 1 à 3 cas pour 1 000 personnes chez les plus jeunes. Rappelons que 10 à 20 % de ces cas de zona seront des zonas ophtalmiques et la moitié toucheront l’œil. Pour éviter le zona, il existe un vaccin, autorisé en Belgique depuis 2021. Il est, à ce stade, recommandé pour les plus de 60 ans.
Enfin, quelques précautions sont à prendre si vous n’avez pas eu la varicelle étant enfant ou si vous n’êtes pas vacciné. Un proche qui a un zona peut vous contaminer, lors d’un contact avec les vésicules. Dans ce cas, vous pourriez déclarer non pas un zona, mais une varicelle. Rappelons que la varicelle est bénigne chez l’enfant mais potentiellement grave chez l’adulte.

Si cher vaccin

Un nouveau vaccin contre le zona est disponible sur le marché belge depuis 2021 : le Shingrix, développé par GSK. Un vaccin en deux doses que le Conseil Supérieur de la Santé recommande aux personnes de plus de 60 ans et aux personnes immunodéprimées de plus de 16 ans. Les essais ont montré qu’il est efficace à plus de 90 %. Problème, ce vaccin n’est actuellement pas remboursé. Il coûte 170 euros la dose et il en faut deux. GSK a introduit une demande de remboursement en octobre 2022, la décision finale reviendra à l’INAMI et au Ministre fédéral des Affaires Sociales et de la Santé Publique. Les chercheurs du KCE (Centre d’Expertise des Soins de Santé) ont calculé que pour 10 000 personnes de 60 ans et plus vaccinées aujourd’hui, on éviterait au cours des années suivantes 77 cas de zona et 10 à 12 cas de douleur post-zostérienne par an. Vacciner les personnes à risque coûterait 602 millions d’euros la première année et près de 23 millions d’euros les suivantes. Pour le KCE, le vaccin est trop cher pour envisager une campagne vaccinale à grande échelle.

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