Technologie

La fracture numérique

Publié le 01 juillet 2023

La crise du COVID-19 a accéléré la digitalisation de notre société, mais les plus vulnérables restent très exposés au décrochage. C’est encore plus vrai pour les personnes aveugles et malvoyantes.

Une dame âgée, derrière une enceinte d’assistance vocale.

Selon le dernier Baromètre de l’Inclusion numérique 2022 de la Fondation Roi Baudouin, 92 % des ménages belges disposent d’une connexion internet à la maison. Parmi les 8 % de personnes non connectées, 22 % ne disposent pas du matériel, 21 % de la connexion, 35 % ne voient pas l’intérêt d’avoir une connexion à domicile et 31 % n’ont pas les compétences numériques requises. La Belgique fait partie des moins bons élèves européens : 39 % des Belges disposent de faibles compétences numériques et 7 % ne les utilisent pas. On arrive donc à un total de près d’un belge sur 2 dont les compétences numériques sont faibles. C’est surtout le cas des femmes, des personnes isolées, des plus de 55 ans et des personnes à faibles revenus.

Des sites lisibles

Ce Baromètre ne tient pas compte du handicap. Or, quand on est non ou malvoyant, s’ajoute le problème de l’accessibilité. Vous avez beau avoir le matériel et les compétences, si le site ou l’app n’ont pas été conçus pour être lisibles, vous n’y resterez pas longtemps. En Belgique, les sites des organismes publics doivent être e-accessibles. Ce n’est pas (encore) le cas pour les sites commerciaux. Globalement, les erreurs les plus fréquentes sont : le manque de contraste dans les textes et les images, des erreurs dans la structure du menu (ce qui perturbe la navigation), l’absence de description des images (la personne sait qu’il y a une photo, mais elle n’est pas décrite. Parfois, des informations importantes se trouvent sur cette photo). Et, enfin, le manque de description des champs de formulaire, (que dois-je écrire ?) ou de raccourcis pour éviter les menus et atteindre directement le contenu.
En Belgique, de plus en plus de services sont digitalisés. On peut désormais obtenir une carte de riverain, un certificat de bonne vie et mœurs ou prendre un rendez-vous chez le médecin en ligne. Avec le risque de perdre ceux qui n’ont pas accès ou ne maîtrisent pas le numérique. Heureusement, il est encore possible de faire « à l’ancienne » : « 200 000 Belges rentrent encore leur déclaration d’impôt sur papier, il n’est pas question de supprimer ce service pour le moment » confirme Florence Angelici, la porte-parole du Service Public Fédéral Finances. « Il est plus facile pour les personnes aveugles et malvoyantes d’utiliser la déclaration préremplie de tax-on-web. Elles sont également prioritaires pour l’aide au remplissage ».
Malheureusement, certaines communes ou régions remplacent progressivement leurs guichets par des bornes sans agents. Ces guichets ne sont pas toujours accessibles aux personnes en situation de handicap visuel. Selon Statbel (Office Belge de statistiques), 49 % des Belges n’ont toujours pas de contact numérique avec les services publics. Parmi les plans du gouvernement pour réduire la fracture numérique, il y a Connectoo, un label décerné aux villes et communes qui accompagnent les citoyens dans leur digitalisation (MyPension, Masanté, ItsMe, etc.). Un peu moins de 3 000 agents ont suivi la formation Connectoo.
Près de 80 institutions publiques disposent au moins d’une personne formée spécifiquement pour aider et accompagner les citoyens à s’identifier ou faire des démarches administratives en ligne. L’objectif est d’annihiler la fracture numérique en Belgique d’ici 2030.

Un agent communal aide une dame âgée à faire une demande de documents administratifs.
Comme à Etterbeek, les communes qui ont reçu le label Connectoo guident les administrés dans leur digitalisation

Les demandes du Conseil Supérieur National des Personnes Handicapées (CSNPH)

Dans sa dernière note de position, approuvée en 2022, le CSNPH avance quelques pistes pour contrer les inégalités numériques qui frappent les personnes en situation de handicap. Sur l’aspect financier, le Conseil plaide pour un tarif social de l’Internet et de l’Internet mobile. Il réclame également la création d’espaces publics numériques où les citoyens ont accès à un ordinateur et une aide pour les démarches en ligne. Il demande au gouvernement d’investir de manière adéquate dans l’apprentissage des compétences numériques, pour tous. Enfin, il plaide pour que la numérisation ne se fasse pas au détriment des solutions non numériques et que le maintien de ces solutions non numériques n’implique pas de coût supplémentaire.

Des Fonds pour être connectés

Cette fracture numérique est donc aussi économique. Smartphones, tablettes et ordinateurs coûtent plusieurs centaines d’euros. Une dépense impossible pour de nombreux seniors ou personnes en situation de handicap. L’AVIQ, le VAPH et le PHARE peuvent intervenir, en partie. Les assistants sociaux de la Ligue Braille vous aideront à remplir votre demande d’intervention, avant l’achat. Si vous n’êtes pas éligibles à ces aides, deux fonds peuvent vous aider.

Le Fonds Laurentine Poncet, lancé en février 2023, est destiné aux personnes de moins de 65 ans. L’aide est de 50% du prix d’achat pour un maximum de 400 euros pour un smartphone et 300 euros pour une tablette. Pour obtenir cette intervention, il faut avoir suivi et réussi un suivi des compétences numériques qui peut être réalisé à la Ligue Braille.

Les personnes de plus de 65 ans peuvent faire appel au Fonds Zoé de la Ligue Braille. L’aide est également fixée à 50% du prix d’achat, pour un montant maximum de 400 euros pour un smartphone et 300 euros pour une tablette. Il faudra, là aussi, prouver que vous êtes en mesure d’utiliser l’outil. N’hésitez pas à demander l’aide de notre Service social pour savoir si vous pouvez prétendre à ces fonds.

Vue d’en haut d’un cours d’utilisation de l’Ipad. Les appareils sont posés sur la table, on voit les mains qui les manipulent et une loupe de la Ligue Braille.
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