Des femmes participant à un atelier créatif du projet histoires de femmes.
Vie quotidienne

Histoire de femmes

Publié le 01 avril 2023

Nouveauté, cette année, à la Ligue Braille : « Histoires de femmes », des ateliers bien-être qui s’achèveront par une séance photo professionnelle !
Véronique Lopez et Dahlia Ameluan, assistantes sociales, nous dévoilent le projet.

Le Service d’accompagnement de la Ligue Braille propose plusieurs activités aux bénéficiaires, notamment des ateliers de maquillage et de coiffure qui rencontraient un grand succès. Trop grand. « Certaines étaient sur liste d’attente depuis 2018 », se souvient Dahlia Ameluan, « nous avions beaucoup de mal à trouver des esthéticiennes, mais aussi des produits de beauté ». Le projet a donc stagné, avant de renaître cette année grâce à « Histoires de femmes » un projet plus vaste de bien-être et de cohésion, porté par plusieurs collaboratrices de la Ligue Braille. Véronique Lopez, instigatrice du projet, raconte : « Elles ont d’abord dressé la liste des bénéficiaires qui pourraient être intéressées.
Au départ, il y avait une trentaine de noms. Nous avons décidé de proposer ces ateliers à celles qui viennent peu souvent aux activités de la Ligue Braille. L’idée était d’aller chercher celles qui sortent moins de chez elles et que l’on connaît moins. Autre critère, il fallait pouvoir venir à tous les ateliers. Chacun a son importance, car c’est un cheminement. Finalement, nous avons constitué un groupe de 8 femmes aveugles et malvoyantes, de 26 à 74 ans. Elles ne se connaissaient pas du tout et à la fin du premier atelier, certaines sont reparties ensemble », explique Véronique.

Confiance en soi

Autre point commun de ces 8 participantes, toutes sont dans l’acceptation de leur handicap ou ont envie d’être plus coquettes. « Mon espoir, c’est qu’à la dernière séance, au shooting photo, elles se lâchent. J’ai envie de les voir se maquiller, se préparer, faire les folles et se sentir belles », explique Véronique.

« C’est compliqué pour une femme de ne pas savoir quelle image elle renvoie », raconte Dahlia. « Certaines s’habillent juste pour ne pas avoir froid. Mais beaucoup aimeraient pouvoir se maquiller, se coiffer, organiser leurs armoires, apprendre à associer les couleurs, etc. Avec ces différents ateliers nous voulons les aider à montrer qu’on peut avoir un handicap visuel, mais continuer à prendre soin de soi ».

Bien-être physique et psychologique

Avant la fameuse séance photo finale, les participantes auront l’occasion de suivre des ateliers de maquillage, avec notamment un bilan de leur type de peau, des couleurs qui leur vont, de leurs besoins spécifiques. « Il y aura aussi un atelier de do-in, une technique d’automassage apaisant ou vitalisant qui associe pressions, frictions et tapotements des doigts sur l’ensemble du corps. Nous proposerons aussi de la méditation, un atelier d’art-thérapie et de self-défense. Les instructeurs de mobilité nous ont fait remonter que les femmes hésitaient beaucoup à circuler avec une canne blanche, par peur d’être vues comme des cibles faciles. Certaines ne sortent plus, ce qui n’est pas acceptable. Avec le cours de self-défense, nous espérons leur redonner confiance en elles pour qu’elles osent ressortir. Enfin, nous proposerons des ateliers plus créatifs, de peinture sur céramique ou de fabrication de savon, avec l’appui du Service loisirs de la Ligue Braille ».

Jeunes femmes malvoyantes en train de peindre des assiettes en céramique
Un atelier de peinture sur céramique fait aussi partie du programme

Durant l’atelier de peinture sur céramique, nous avons rencontré deux des participantes : Alfonsine, 67 ans et Auriane, 37 ans, toutes deux bruxelloises, venues à la Ligue Braille pour des raisons différentes. « Je suis malvoyante depuis 2014, à cause d’une rétinite pigmentaire », explique Alfonsine. « Des problèmes de vue, puis des problèmes de vie qui m’ont submergée. J’ai été dépassée par les soucis, notamment administratifs. J’ai expliqué cela à l’accompagnatrice qui suit mon dossier. Elle m’a conseillé de m’inscrire à cet atelier pour sortir à nouveau, recommencer une autre vie, faire de nouvelles choses avec de nouvelles personnes. Accepter mon handicap. C’est ce que je veux plus que tout, je suis déterminée ».

Auriane, elle, est malvoyante depuis toujours. La jeune trentenaire voit mal à cause d’un albinisme oculocutané. Sa peau est très claire, ses cheveux sont blancs, ce qu’elle aime. En revanche, elle fait teindre ses cils et sourcils. « J’aimerais beaucoup apprendre à me maquiller. Mettre du fond de teint par exemple, mais je préfère ne pas le faire par peur de mal le mettre. J’aimerais aussi mettre du mascara, mais quand je tente, je le fais mal et surtout ça me fait pleurer. Je voudrais savoir s’il existe des produits adaptés aux yeux fragiles comme les miens. J’avais envie depuis longtemps de suivre un atelier maquillage, mais je me disais que si certains attendent pour apprendre à utiliser une canne blanche, se maquiller ne devait pas être une priorité. Je m’en voulais et trouvais cela futile. Les assistantes sociales m’ont alors expliqué que je n’étais pas la seule, loin de là. Je me suis inscrite directement ! Quand je suis maquillée, je me sens mieux. On me pose moins de questions, je sens moins de regards insistants sur moi. Si je peux éviter cela, je prends ! ».

Alfonsine, lors de l’atelier de  peinture sur céramique
Alfonsine pose avec l’assiette réalisée lors de l’atelier peinture sur céramique.
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